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Les gardiens de nos médias CAC 40 ont une rhétorique bien rodée pour se garder de toute critique, et continuer à passer pour des héros des libertés publiques tout en oeuvrant à verrouiller le système d’information français. Demi-vérités, mythes éculés ou mensonges éhontés, certains de leurs arguments s’avèrent hélas encore très efficaces auprès du public. Voici comment s’armer intellectuellement contre ces pseudo-évidences en sept leçons.
Le site internet d'info "Le Média" va se lancer en janvier, soutenu par des proches de Mélenchon, mais pas que. Il met en avant une subjectivité assumée. Sa rédactrice en chef, Aude Rossigneux, passée par Le Parisien Magazine, Mots croisés sur France 2 ou encore Cinémas et Ripostes sur France 5, décrit une impossible objectivité journalistique.
Quand l’information et la culture sont trop souvent traitées comme des marchandises, quel rôle les citoyen·ne·s peuvent-ils encore jouer pour faire vivre le pluralisme et le débat ? Cette question appelle une réponse qui ne saurait attendre.
Accusée d’être un instrument dans les mains du Kremlin, RT a repris les codes, et les défauts, des chaînes d’information en continu, nombreuses à se faire concurrence dans une arène désormais mondiale. La forte progression de son audience aux États-Unis ou en Europe tient à une ligne éditoriale ouvertement critique à l’égard des politiques occidentales, qu’elle décline en fonction des régions.
Mossoul (Irak) -- J’ai suivi presque de bout en bout l’offensive de neuf mois des forces spéciales irakiennes pour reprendre la ville de Mossoul aux djihadistes du groupe de l’Etat islamique. Témoin de massacres, dans une odeur de mort, j’ai passé des semaines entières sur le front avec ces soldats. Quand je rentrais pour quelques jours de repos, ma fille de deux ans ne me reconnaissait pas. Pourquoi s’infliger une telle épreuve? Parce que je suis Irakien et que je me suis dit que c’était mon devoir de montrer cette réalité.
La journaliste nous explique pourquoi il n'y a plus grand-chose à attendre des médias mainstream.
Après la Libye, l’Ukraine, la Syrie, la Russie (pour ne citer que les derniers), voilà de nouveau les médias mainstream partis en mode “propagande de guerre” afin d’éradiquer tout esprit critique sur la situation au Venezuela.
Aujourd’hui, l’équipe Francetvdésinfo est fière de vous annoncer son entrée dans la cour des grands ! Nos collègues du Figaro et de BFM TV nous ont estimés suffisamment fiables pour nous citer – avec abondance – dans leurs articles sur le cahier d’été de LREM. Ces médias touchant des millions de français, imaginez notre joie extatique !
Admettons-le : au début on n’a pas voulu y croire. Lorsque le 3 janvier on a entendu Samuel Laurent, « décodeur » en chef au Monde, annoncer « une innovation technologique (1) » conçue pour défaire la post-vérité, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dispense sans compter, et il faut désormais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prouvé combien. Il y a d’abord ce nom grotesque, Decodex, qui fait surtout penser aux collants bleus de Fantômas ou bien au manteau noir de Judex — et donne irrésistiblement envie d’avoir accès aux minutes du brainstorming, qu’on imagine quelque part entre Veritator, Orthofact et Rectifias. Il y a surtout une trouvaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une performance artistique ou au comique du cinéma muet.
En 2010, je dénonçais l’apparition de chapelles d’information réservées aux élites instruites, les «ghettos culturels» de riches. Sept ans plus tard, l’inégalité d’accès à l’information s’est encore accentuée.
Ce titre fait la une de L’Écho de Paris le 3 mars 1932 et, avec de menues variations, celle de tous les journaux de la presse française, belge ou québécoise. L’annonce-choc est accompagnée d’une photographie unique de Charles Lindbergh Junior, dans ses langes de nouveau-né, image d’archive ressortie en hâte alors que l’enfant a vingt mois lorsqu’il est kidnappé.
Une des évolutions notables de l’espace médiatique au cours de ces trente dernières années a consisté dans la généralisation et l’intensification des usages médiatiques de ces lunettes très spéciales appelées sondages, lunettes dont les producteurs, les sondeurs et leurs « instituts », se servent pour contribuer collectivement, et de plus en plus, à influencer, « l’opinion publique ». Se faisant, ils ne procèdent pas à de simples et objectives opérations de mesure, mais ils tendent aussi à imposer leur vision de l’espace social, et participent de ce fait à l’élaboration de cette forme de discours que Pierre Bourdieu et Luc Boltanski qualifiaient en 1976 d’« idéologie dominante » [1] par laquelle « la fraction dominante de la classe dominante livre sa philosophie sociale ». Rien de surprenant à cela, tant est forte l’homogénéité de leur formation – qui est aussi celle de nombre de détenteurs des pouvoirs politique, économique et médiatique – et de leurs parcours professionnels. Brève tentative de portrait de groupe.
De “Nuit debout” aux manifestations contre la loi travail en passant par les rassemblements post-électoraux, les violences policières contre des journalistes dans des manifestations se sont multipliées en France ces derniers mois. Pour que cessent ces débordements, Reporters sans frontières (RSF) saisit le Défenseur des droits des cas de dix journalistes malmenés ou brutalisés sans justification par les forces de l’ordre.
Paris -- Patrick Baz, photographe basé à Beyrouth, âgé de 54 ans, et moi-même, journaliste au desk web et mobile à Paris, de neuf ans sa cadette, avons à première vue peu de points communs.
« J’espère de tout cœur que l’Assemblée Nationale acceptera la lavallière de Villani et la non-cravate de Ruffin » : cette phrase a été coupée (bon, disons le mot juste, censurée) dans le journal Les Échos. Parce que ce journal « s'efforce de faire le moins de publicité possible à ce personnage ». Ce personnage ? Vous avez deviné, si vous avez vu Merci Patron. C'est ainsi.
Dans nos grands médias audiovisuels, l’interview politique d’un représentant d’une gauche syndicale ou politique [1] un tant soit peu combative est un exercice d’une confondante uniformité, prenant le plus souvent la forme d’une joute oratoire entre le journaliste et son invité [2]. Une joute à armes inégales, non pas simplement en raison de l’hostilité plus ou moins franche des tenanciers des plateaux, mais avant tout par la force de contrainte des dispositifs des émissions, dont les enchaînements ininterrompus de questions et de nouvelles thématiques ne permettent jamais qu’on approfondisse un sujet ou qu’on s’arrête sur une réponse, quand l’invité réussit seulement à en donner une sans être coupé.
C’est dans un traquenard de ce type, de facture on ne peut plus classique, qu’est tombé Éric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche et candidat France Insoumise aux élections législatives en Seine Saint-Denis, le dimanche 4 juin 2017, alors qu’il était l’invité de « Questions Politiques », l’émission hebdomadaire de France Inter, présentée par Nicolas Demorand, accompagné comme toujours de trois grandes signatures de la presse hexagonale, à cette occasion les illustres Nathalie Saint-Cricq (France Télévisions), Françoise Fressoz (Le Monde), et Carine Bécard (France Inter).
Alain Accardo est sociologue, maître de conférences à Bordeaux-Montaigne et chroniqueur régulier pour l’excellent mensuel « La Décroissance ». Il vient de faire paraître, dans la collection Cent mille signes des éditions Agone, un essai intitulé « Pour une socioanalyse du journalisme ». Pour ce spécialiste de Pierre Bourdieu, hors de question de penser que les journalistes participent à un grand complot pour protéger l’ordre libéral établi ou qu’ils obéissent docilement aux injonctions de leurs richissimes actionnaires. Selon lui, les journalistes se contentent simplement d’être eux-mêmes, c’est-à-dire une « fraction emblématique de la nouvelle bourgeoisie intellectuelle », qui est née dans le système, en vit et tient à le faire perdurer. Par son analyse aussi pertinente qu’originale, Alain Accardo nous livre un état des lieux saisissant de la presse actuelle, qui parlera à n’importe quel pigiste précaire, mais également des pistes − possibles, exigeantes, radicales − pour mettre en place, demain, un vrai service public d’information.
Amnesty international, dans un rapport rendu public le 31 mai 2017 [1], dénonce les dérives de l’état d’urgence en France depuis son entrée en vigueur en novembre 2015, et notamment sur le droit de manifester.
L’examen de l’ensemble de ce rapport ne relève pas de la critique des médias. En revanche, ce même rapport fait état, selon ses propres termes, d’un « usage disproportionné de la force » et de violences policières. Or, avant sa publication, rares – très rares – ont été les grands médias qui ont enquêté sur ces violences. Qu’ont-ils découvert dans le rapport à ce propos et qu’en ont-ils retenu ?
Parce qu'elle filmait une intervention policière, la cofondatrice du collectif Urgence notre police assassine a été placée en garde à vue dans la nuit du 7 au 8 juin. Alors que la vidéo de son interpellation était diffusée sur les réseaux sociaux, les journaux y sont allés de leurs propres versions des faits.
Lundi soir, sur France 5, BFMTV, CNews, LCI et France 2, tout le monde s’accorde à dire que l’attentat de Londres est le résultat d’un abominable laxisme communautariste. Heureusement, les Français sont plus raisonnables : ils préfèrent renoncer à leurs libertés pour être protégés par un Etat policier.